Baignant dans le milieu de l’entrepreneuriat, je croise régulièrement des entrepreneurs entêtés sur leur idée sans voir qu’ils sont dans une impasse. Je pense qu’ils se retrouvent dans cette situation car ils développent de l’affect pour leur idée. Et comme vous le savez l’amour rend aveugle.
Cet aveuglement me fait peur. Depuis que j’ai fondé Human Coders, je ne peux m’empêcher de douter de mes pensées et de mes intuitions. Il est très facile de s’auto-convaincre qu’on est dans la bonne voie, que ça va finir par marcher, qu’il suffit d’être un peu patient…
Pourquoi aimons-nous nos idées ?
Pour beaucoup, une idée a de la valeur. On entend régulièrement des phrases comme « j’ai l’idée du siècle », « J’ai une idée qui vaut des millions »… On voit aussi souvent des entrepreneurs qui ne partagent jamais leurs idées sans faire signer une NDA.
Or dans la réalité, les idées ne se vendent pas et jamais une place de marché des idées n’a décollée. Les entrepreneurs modernes partagent facilement leurs idées principalement grâce à l’arrivé du Lean Startup et de la réduction des Time to Market.
Comment ne pas être aveugle ?
Quand on lance un projet, je pense qu’il ne faut pas faire confiance à son intuition. Vous pouvez toujours vous protéger en demandant des avis externes. Qui mieux que vos (futur-)clients peut vous dire si vous êtes dans la bonne voix ?
Chez Human Coders, chaque fois que nous pensons à une fonctionnalité, un changement ou encore un nouveau service, nous testons avant tout notre idée. Il y a des tonnes de façon de tester son idée simplement. Running Lean est un très bon livre pour apprendre à concevoir un service en dialoguant avec sa communauté. Nous faisons des sondages, nous téléphonons à des experts qui connaissent bien le domaine, nous discutons librement de nos idées chaque fois que l’occasion se présente, nous faisons des prototypes, nous essayons d’aller à l’essentiel pour rapidement mettre le service en ligne et avoir des retours…
Nous avons aussi créé un groupe Facebook privé où nous avons réuni des personnes d’horizons très divers en qui nous avons confiance. Nous partageons beaucoup de choses avec eux (idées, doutes, inquiétudes, réussites…). Même si ces gens sont moins objectifs (car ils nous connaissent), le fait qu’ils sachent très bien ce que nous faisons nous permet d’avoir des retours approfondis qui nous apportent beaucoup.
Enfin, nous faisons de notre mieux pour toujours être à l’écoute de nos utilisateurs. Nous discutons souvent avec eux sur Twitter, IRC, dans les événements… Nous avons aussi mis en place un User Voice sur nos sites afin que qu’ils puissent nous soumettre des idées/remarques et qu’ils puissent en discuter entre eux.
Avec ces « gardes-fous », nous arrivons à rapidement éliminer les mauvaises idées (et ça arrive souvent !). Il nous arrive aussi régulièrement de modifier l’idée en fonction des retours pour mieux coller aux attentes de nos utilisateurs.
Peut-on monter une boîte sans amour ?
Si on ne peut pas aimer ses idées, d’où vient la passion qui pousse quelqu’un au bout de ses limites pour lancer un projet ? On connait tous des entrepreneurs qui dépensent une énergie incroyable pour monter leur boîte. Mais où puisent-ils leur énergie ?
A défaut de porter de l’affection pour ses idées, je pense que l’entrepreneur doit se passionner pour sa vision (ex: protéger les enfants des dangers de l’internet). C’est la vision qui doit être son moteur.
Il est courant chez les entrepreneurs qu’il y ait une confusion entre vision et idée. L’entrepreneur doit être passionné par le problème qu’il résout, par la cause qu’il défend, par les valeurs qu’il porte à travers sont projets, par les personnes à qui il change la vie… en revanche, il doit être totalement détaché, affectivement parlant, de la façon dont il s’y prend. Aimer son idée, croire en son idée est le meilleur moyen de s’obstiner et d’oublier de faire un service pour ses clients et pas pour soi.
J’ai écrit cet article pour résumer une longue conversion que j’ai eu avec mon associé chez Human Coders, Matthieu Segret. Il est possible que certains passages ne soient pas très exacts, que des livres expliquent ça 1000 fois mieux que moi, … mais j’avais besoin de l’écrire pour y voir plus clair et j’espère prévenir quelques entrepreneurs de ce danger. C’est un sujet qui nous passionne.
Si vous voulez poursuivre le débat, n’hésitez pas à partager votre vision sur le sujet en commentaire.
Très bon article, basé sur une réflexion sérieuse et moderne. A Smoothie Creative, nous partageons pleinement cette vision des choses. Clairement c’est la philosophie derrière un business qui va mener ce business, soutenu par une réel motivation, tout en gardant un esprit ouvert et critique. N’oublions pas que nous somme dans un monde social, où l’échange et primordial. Merci.
C’est humain. :) En psychologie ça s’appelle l’escalade de l’engagement.
C’est très dur de dire « mon idée n’est finalement pas si bonne que ça » quand on a passé un an à bosser dessus, qu’on en a parlé à tout le monde, etc… On se dit qu’on a perdu son temps et on préfère continuer, sans voir que l’on risque d’en perdre plus.
Un titre provocateur pour un contenu plein de justesse! Les créateurs d’entreprise manquent souvent de recul. Une des premières choses que l’on apprend en marketing, c’est à ne jamais prendre notre cas pour la réalité des attentes du marché!
Faire appel à des avis et conseils extérieurs – clients, distributeurs ou encore études de marché – permet d’obtenir ce recul et cette vision plus réaliste et surtout plus dénuée de tout affect dont ont besoin les créateurs.
Echanger, se remettre en question: oui à 100%! Néanmoins, je nuancerais en disant que pour entreprendre et réussir, il faut garder une dose d’inconscience et de conviction « éclairée ».
Très bon article, basé sur une réflexion sérieuse et moderne. A Smoothie Creative, nous partageons pleinement cette vision des choses. Clairement c’est la philosophie derrière un business qui va mener ce business, soutenu par une réel motivation, tout en gardant un esprit ouvert et critique. N’oublions pas que nous somme dans un monde social, où l’échange et primordial. Merci.
C’est humain. :) En psychologie ça s’appelle l’escalade de l’engagement.
C’est très dur de dire « mon idée n’est finalement pas si bonne que ça » quand on a passé un an à bosser dessus, qu’on en a parlé à tout le monde, etc… On se dit qu’on a perdu son temps et on préfère continuer, sans voir que l’on risque d’en perdre plus.
Un titre provocateur pour un contenu plein de justesse! Les créateurs d’entreprise manquent souvent de recul. Une des premières choses que l’on apprend en marketing, c’est à ne jamais prendre notre cas pour la réalité des attentes du marché!
Faire appel à des avis et conseils extérieurs – clients, distributeurs ou encore études de marché – permet d’obtenir ce recul et cette vision plus réaliste et surtout plus dénuée de tout affect dont ont besoin les créateurs.
Echanger, se remettre en question: oui à 100%! Néanmoins, je nuancerais en disant que pour entreprendre et réussir, il faut garder une dose d’inconscience et de conviction « éclairée ».
Les derniers qui ont eu une bonne idée ont demandé l’avis de leur camarade de campus Mark Zuckerberg… on connaît la suite : il leur a volé l’idée et a fondé Facebook. Donc partager ses idées, pourquoi pas, mais mieux vaut garder sa confiance en son intuition.
Les derniers qui ont eu une bonne idée ont demandé l’avis de leur camarade de campus Mark Zuckerberg… on connaît la suite : il leur a volé l’idée et a fondé Facebook. Donc partager ses idées, pourquoi pas, mais mieux vaut garder sa confiance en son intuition.
Je pense qu’il faut une part d’inconscience et de conviction pour démarrer une entreprise. Maintenant toutes les idées ne se valent pas. Ré inventer des géants en place depuis des siècles, rien ne sert de s’obstiner. Mais essayer de mélanger des choses pour créer quelques choses de nouveau, pourquoi ne pas aller jusqu’au bout, si les statistiques annoncent du positif.
Je pense qu’il faut une part d’inconscience et de conviction pour démarrer une entreprise. Maintenant toutes les idées ne se valent pas. Ré inventer des géants en place depuis des siècles, rien ne sert de s’obstiner. Mais essayer de mélanger des choses pour créer quelques choses de nouveau, pourquoi ne pas aller jusqu’au bout, si les statistiques annoncent du positif.